Les enjeux européens de 2024 : Tournant politique, mutations économiques et défis géopolitiques Lettre Jacques Cœur juillet 2024
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La présente lettre s’attache à présenter un bref tableau de la situation européenne au début d’une nouvelle législature, à imaginer ce qui vient, à analyser le tournant politique britannique et enfin à montrer, en conclusion, que les économistes ont tout à gagner à penser que la géopolitique compte car leurs modèles ne sont plus pertinents dans un monde qui n’est ni en paix ni régulé de manière ordonnée. Les lecteurs de la lettre Jacques Cœur le savent.
Par Michel Foucher, géographe et ambassadeur, conseiller du Président de CFJC et par François-Xavier Bouis, Président de Compagnie Financière Jacques Cœur.
Union européenne, un tournant politique limité.
La coalition entre les chrétiens-démocrates (PPE), les socio-démocrates (S&D) et les centristes (Renew Europe) regroupe une majorité de 399 députés sur un total de 720. Elle sera reconduite. Le Conseil européen des 27 et 28 juin confirme les titulaires des « top jobs »: Ursula von der Leyen (PPE), présidente de la Commission européenne (avec le soutien de la France, de l’Allemagne et de l’Italie); Antonio Costa (S&D), ancien premier ministre du Portugal comme président du Conseil européen; Roberta Metsola (PPE), présidente du Parlement européen; Kaja Kallas (Renew), première ministre d’Estonie, comme Haute représentante pour les affaires étrangères et la politique de sécurité.
Giorgia Meloni, qui s’est sentie exclue de ces décisions, entend obtenir, en échange de son soutien à la présidente de la Commission, soit une vice-présidence, soit un poste central comme les politiques de cohésion ou l’agriculture.
Calendrier européen
16-19 juillet : première réunion plénière constitutive de la 10ème législature du Parlement européen et élection du président du PE (4 tours maximum) et de 14 vice-présidents et 5 questeurs.
22-25 juillet : réunions constituantes des commissions du PE, élection des bureaux avec l’impératif de la parité.
16-19 septembre : session plénière du PE : sauf si les députés décidaient de le faire en juillet, élection du nouveau président de la Commission européenne à la majorité absolue (361 députés). Des défections dans les trois principaux partis étant probables, elle aura besoin du soutien des Verts et, peut-être, de celui du groupe Conservateurs et Réformistes (ECR), où l’influence de Giorgia Meloni (Fratelli d’Italia) et de Droit et Justice (PIS polonais) est forte et constitue le troisième groupe devant Renew. Ce qui confirme le lent déport vers la droite depuis un demi-siècle, ce qui pourrait remettre en question certains acquis. Discours sur l’état de l’Union : exercice de lancement du mandat, programme de travail précis pour les 5 ans et actualisation tous les ans. La Présidence de la Commission est le premier acteur de la création du collège des commissaires.
Octobre-novembre : auditions individuelles et publiques par le PE des commissaires désignés par les États-membres. Les députés ne manqueront pas d’exercer leur pouvoir.
1er décembre : entrée en fonction du nouveau président de la Commission et du nouveau président du Conseil européen à la majorité qualifiée renforcée (il faut 72% des États-membres favorables, soit 20 États sur 27 et au moins 65% de la population de l’Union.
16-19 décembre : présentation du collège des commissaires et des portefeuilles et approbation par le PE à la majorité des suffrages exprimés par appel nominal. Vote plus tôt si le président de la Commission est désigné et validé plus tôt par le PE.
Cette période d’auditions et de nominations limitera la portée de la présidence du Conseil de l’UE par la Hongrie, qui a choisi comme leitmotiv « Make Europe Great Again » ! Elle sera suivie d’une présidence de la Pologne au premier semestre 2025, sous la direction de Donald Tusk, qui a remporté les élections législatives en décembre 2023 ; il avait été premier ministre (2007-2014) et président du Conseil de l’UE (2014-2019).
Quel est le bilan des cinq dernières années ? Des accomplissements collectifs inédits ont été réalisés, qualifiés par le chancelier allemand Scholz de « moment hamiltonien ». Citons les réactions au Covid (mutualiser la production, l’achat et la distribution de vaccins) et la relance solidaire (750Mds€) sur la base d’un endettement commun sur 30 ans. Face à la guerre d’agression russe contre l’Ukraine, le découplage avec l’économie russe (13 paquets de sanctions) a été décidé, notamment pour réduire la dépendance énergétique et rétablir l’approvisionnement alternatif (Norvège, Qatar). La souveraineté européenne a été réaffirmée et le pacte migrations et asile mutualise la protection des frontières extérieures. Ces avancées ont été obtenues sans renoncer à l’agenda de 2019 sur le climat, la souveraineté numérique et la concurrence commerciale.
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